Dépistage auditif néonatal : de quoi s'agit-il ?
Dépister précocement une perte auditive chez l’enfant permet d’éviter certains désagréments. Zoom sur le dépistage auditif néonatal
Un programme national universel du dépistage néonatal depuis 2012
Le phénomène de surdité ne touche pas uniquement les personnes âgées et peut ainsi se retrouver dans plusieurs situations, y compris chez les enfants dès la naissance. Le niveau de surdité dépend notamment de l'intensité de la déficience auditive et de la zone concernée (déficience unilatérale ou bilatérale). Dans 40 % des cas ce phénomène est de nature génétique et dans 25 % des cas d'origine prénatale ou périnatale. Mis en place en 2012, le programme national universel du dépistage néonatal permet de déceler la présence d'une surdité permanente néonatale dès la naissance de l'enfant, avec un seuil auditif supérieur à 40 dB. L'objectif est de détecter rapidement cette situation et ainsi de prendre en charge l'enfant de manière précoce. La mise en place de ce test a été difficile dans ses débuts, pour plusieurs raisons. D'une part, le dépistage ne repose pas sur un test sanguin et requiert un personnel de maternité suffisamment formé. En outre, certains facteurs peuvent perturber le processus de vérification de l'audition, ce qui requiert parfois de faire de nouveaux tests ou contrôles. Enfin, certaines associations de patients se sont opposées à la réalisation de ce dépistage précoce, avançant l'argument d'une surmédicalisation à un trop jeune âge.Conséquences d'une surdité non détectée chez l'enfant
Si la perte auditive de l'enfant n'est pas détectée suffisamment tôt, cette situation risque d'avoir un impact conséquent dans son quotidien. En effet, les perturbations peuvent être nombreuses et toucher le développement du langage et de la communication de manière plus générale. Une telle absence de détection peut également se répercuter sur les capacités cognitives de l'enfant, son intégration scolaire et son développement psychosocial. Le dépistage auditif néonatal est donc l'occasion parfaite pour faire le point sur la santé auditive de l'enfant et agir en conséquence s'il apparaît que le nouveau-né souffre d'un déficit auditif plus ou moins marqué. Dans ce cas, la prise en charge est pluridisciplinaire et comprend notamment une approche médicale, pédagogique et orthophonique. En pratique, le médecin propose de prendre en charge l'enfant le plus tôt possible, et dans le meilleur des cas dès le jour de l'annonce du diagnostic. A ce stade, il est également possible de discuter d'un futur appareillage auditif et éventuellement d'une implantation cochléaire.Fiabilité des tests de dépistage précoces à la naissance de l'enfant
Avec l'avancée de la médecine, les tests de dépistage néonatal profitent d'une fiabilité optimale aujourd'hui. Deux tests de dépistage ont ainsi été validés et ont fait l'objet de consensus à l'international :- les potentiels évoqués auditifs automatisés (PEAA), qui interviennent à la suite d'une stimulation sonore et permettent d'enregistrer une activité électrique des voies auditives. Le test est réalisé sur l'enfant pendant son sommeil naturel, par stimulation des deux oreilles en simultané,
- les oto-émissions acoustiques provoquées (OEAP), émissions sonores produites par la contraction des cellules externes de la cochlée en réponse à une stimulation sonore. Ce test s'effectue 24 heures après la naissance de l'enfant, pendant sa phase naturelle de sommeil.
Les différentes étapes du dépistage auditif néonatal
Réaliser un dépistage auditif néonatal implique de respecter certaines étapes indispensables pour mener à bien le processus dans sa globalité. La première étape consiste à réaliser une technique de dépistage par PEAA ou par OEAP 24 heures après la naissance de l'enfant, à la maternité. Si le test révèle que tout va bien, les parents sont rassurés et il est inutile d'aller plus loin. Si le test s'avère anormal, le professionnel de santé réalise un nouveau test dans les 48 heures, toujours au sein de la maternité. Si le nouveau test révèle la présence de problèmes auditifs, le nouveau-né est revu pour un contrôle en fonction du rendez-vous organisé par la maternité avec les parents en présence d'un médecin spécialisé, qui aura lieu dans les 28 jours. S'il s'avère que l'audition de l'enfant est normale et qu'elle ne présente pas de risque, le processus s'arrête là. Dans le cas contraire, l'enfant aura besoin de voir un autre professionnel de santé plus spécialisé. Un Centre de diagnostic et d'orientation de la surdité (CDOS) se charge alors de prendre en charge l'état de santé auditive de l'enfant face à une surdité légère, moyenne ou plus importante. Ce médecin réalise le bilan complet de l'audition de l'enfant, ce qui comporte notamment une étude approfondie des antécédents personnels et familiaux de l'enfant ainsi qu'une recherche des facteurs de risque éventuels. Le professionnel de santé effectue aussi un examen clinique et un examen des tympans sous microscope, sans oublier une audiométrie comportementale. Grâce à ces évaluations, le médecin pose un diagnostic précis de surdité avec le type d'atteinte auditive et son degré. Il peut alors orienter les parents de l'enfant vers une structure adaptée. Si l'enfant présente une surdité sévère ou profonde, il pourra être appareillé à partir de 3-4 mois environ. La fourniture d'un appareil auditif s'accompagne d'une rééducation avec un orthophoniste, généralement dans un centre de soins. Une implantation cochléaire est envisageable à partir de 10-12 mois. Si le nouveau-né présente une surdité moyenne, il peut être appareillé avant ses 9 mois lorsque cela est nécessaire. Le professionnel de santé remet généralement une plaquette d'informations sur les démarches à réaliser et propose un suivi psychologique.Article rédigé par Maroussie Laetitia et publié le mercredi 10 juillet 2024